Responsable : Julie Hyvert
Au cours du XIXe siècle, les chansons des compagnons circulèrent dans toute la France, recopiées ou imprimées sur des feuilles volantes, des cahiers d’écolier, des journaux, à l’issue des réunions et des fêtes.
En 1840, Piron édite le premier chansonnier « compagnonnique » : Le Chansonnier du Tour de France [Paris : Vve P. Larousse, 1846], en 1857, c’est au tour de Perdiguier de publier son Chansonnier du tour de France [Le Chansonnier du Tour de France, Paris : l’auteur, 1857]. Jusqu’au début du XXe siècle, ces recueils ne contenaient que les paroles des chants. Aujourd’hui, chaque société compagnonnique possède son chansonnier (ou son parolier), sorte d’abrégé historique de leurs chansons et de guide pratique du compagnonnage.
De la quantité de chants compagnonniques composés depuis le XVIIIe siècle ont émergé, des œuvres qui constituent aujourd’hui le florilège ou le « hit parade » de la chanson compagnonnique. Elles sont rassemblées dans le Chansonnier des Compagnons du Devoir [Paris : Librairie du Compagnonnage, 1996], en usage actuellement chez les Compagnons du Devoir du Tour de France. Il contient quatre-vingt-quatre chants composés de 1720 environ à 1996.
Ce chansonnier se présente sous la forme d’un petit livre de format « de poche » de 150 x 110 mm et 280 pages numérotées. Pour chaque chant, les paroles et la mélodie sont donnés. La couverture bleue comporte simplement la mention « chansonnier » en lettres blanches. Elle est illustrée par les trois symboles compagnonniques de l’adoption, dessinés en blanc - l’équerre et le compas entrelacés, le labyrinthe, et la pyramide - ainsi que seize outils sur fond rouge ou vert (en 1996, ces outils représentaient les seize métiers de l’Association Ouvrière des Compagnons Du Devoir). Les quatre couleurs utilisées sur la couverture sont les couleurs symboliques des quatre familles de métiers du compagnonnage : bleu (le bois), rouge (le fer), blanc (la pierre) et vert (le cuir).
Ce Chansonnier a été édité en 1996. Il s’agit du sixième recueil publié sous le nom de « Chansonnier des Compagnons du Devoir » depuis 1953. Il a bénéficié des apports des volumes précédents et inaugure la publication de vingt-deux nouveaux chants. Jusqu’en 2007, il rassemblait donc le plus grand nombre de chansons et donnait l’aperçu le plus représentatif du répertoire de la chanson compagnonnique.
Recueils publiés sous le nom de Chansonnier des Compagnons du Devoir :
• 25 novembre 1953 : édition du premier volume tirée à 1300 exemplaires. Il contient trente chansons.
• 22 juillet 1962 : second tirage de la première édition à 2000 exemplaires.
• 26 juillet 1962 : première édition d’un second volume tiré à 3000 exemplaires. Il contient trente chansons.
• 25 février 1972 : troisième édition tirée à 4000 exemplaires. Elle rassemble les soixante chansons des deux premiers volumes.
• 3 juillet 1981 : second tirage de la troisième édition à 5000 exemplaires.
• 14 février 1990 : quatrième édition tirée à 5000 exemplaires. Aux soixante chants de l’édition précédente s’ajoutent trois chants nouveaux d’Henri Lorenzi, dit Henri-le-Provençal.
• 1996 : Cinquième édition tirée à 5000 exemplaires. Elle rassemble tous les chants précédemment édités auxquels s’ajoute un chant du XIXe siècle, vingt-et-un chants de Pierre Morin, dit Pierre-le-Saintonge et treize chants d’Henri Lorenzi. Il contient quatre-vingt quatre chants.
• 2007 : Sixième édition tirée à 5500 exemplaires et comprenant trois nouveaux chants.
Se transmettant fidèlement les chants des anciens, les compagnons ont progressivement enrichi le répertoire de chants nouveaux. Ce corpus a donc été construit par accumulations successives de chants dans le temps et au travers des différentes éditions de chansonniers compagnonniques.
L’existence de cette anthologie est orientée dès les années 1950 par la poursuite de la tradition compagnonnique consistant à chanter et à conserver les chants « anciens », à une époque où la coutume pouvait être menacée.