Le travail de prospection des timbres est préalable à la compréhension des mécanismes de mémorisation et de transmission du format chanson. Les timbres utilisés par les compagnons renseignent sur les airs à la mode aux différentes époques, sur leurs goûts et sur leurs choix. La recherche des timbres donnent aussi accès aux mélodies avant la notation sur partition et les travaux de collectage. L’identification des mélodies à partir d’indications de timbres est un véritable travail d’investigation. Marlène Belly a listé les intérêts scientifiques de ces recherches sur les timbres et signale que l’air retrouvé ne sera toujours qu’ « un état, à un moment donné et dans un cadre précis de la ligne mélodique [1]». La difficulté de restitution de ces mélodies provient en partie de leur position charnière entre l’oral et l’écrit. Genre compositionnel « hybride » selon Jean Molino, la somme de sources sur la chanson sur timbre donne le vertige.
Certains airs sont donnés dans des recueils importants comme La Clé du Caveau et facilement retrouvables grâce à la mention du timbre. D’autres, comme Rendez-moi mon léger bateau, se trouvent dans des recueils de chants anonyme[1] et les retrouver nécessite davantage de recherches. La formule désignative donnée dans les chansonniers compagnonniques complique parfois l’exercice car elle peut être un faux-timbre, ce qui justifierait que certaines mélodies n’aient pas été retrouvées. D’une manière ou d’une autre, la recherche de timbres nous a permis d’identifier 175 airs de chants de compagnons.
Julie Hyvert
[1] Anonyme, Collection, [s.l], [s.d]. Recueil contenant quinze pièces vocales et quatorze pièces instrumentales.
[1] Belly, Marlène, « Patrice Coirault, d’une « tête chercheuse » d’hier aux promoteurs d’aujourd’hui », L'Ethnomusicologie de la France: De l'"ancienne civilisation paysanne" à la globalisation, L’Harmattan, 2009.